Quelle est cette « zone de turbulences » objet du nouveau livre d’Abdellatif Laâbi ? L’intérieure, à laquelle l’oeuvre de ce poète nous a régulièrement conviés ? Celle que traverse aujourd’hui, avec des heurts et malheurs, l’humaine condition ? Celle où notre planète se trouve emportée et dont le dérèglement climatique est un des signes les plus patents ? Pour pertinents qu’ils soient, ces questionnements n’épuisent pas la matière ample, presque démesurée, de ce livre où la poésie reprend parmi ses droits essentiels celui de narrer l’aventure humaine en vue de la transmettre. La langue, pour ce faire, brasse différents registres, de l’aphorisme au trait d’humour, de l’indignation abrasive jusqu’au chant aux résonances de cantique. Rien d’étonnant en cette conjoncture si Abdellatif Laâbi a été couronné par l’Académie française, qui lui a décerné son Grand Prix de la Francophonie 2011.