Ce livre — à première vue — est un constat naïf, dans le sens
non péjoratif du terme, quelque chose comme un guide de lecture : il a un objet, que le titre signale sans équivoque. A cet égard et toujours dans l’apparence, c’est une description, correcte, bien informée, bien argumentée, qui rendra les plus grands services aux militants, aux chercheurs, aux étudiants qui veulent s’y connaître dans un problème décisif pour le marxisme, celui de la nature du pouvoir révolutionnaire qui doit assurer le passage à la socialisation intégrale des moyens de production et, de là, à la société communiste.
Les analyses méticuleuses consacrées aux textes de Marx, aux débats de
la Ire, puis de la 1F Internationales, aux prises de position diverses de
Lénine, assurent une bonne connaissance du marxisme « classique ».
Sans doute, est-ce là l’apport principal de ce livre : une mise au
point, un rappel des pages essentielles qui servent aujourd’hui à nos débats sur cette question. Mais ce n’est pas à mes yeux ce qu’il y a de plus significatif. En deçà de ces études, s’installent peu à peu des stridences, comme si dans une symphonie de composition bien classique s’imposaient des dissonances venant troubler le bel ordre.
Kazem Radjavi est un écrivain timide.
Ce que j’appelle «dissonances», il le nomme «ambiguïtés ».
Les ambiguïtés de Marx et de Lénine concernant le pouvoir révolutionnaire, on peut les compter et elles sont nombreuses. Le plus souvent, elles sont tenues, par les détracteurs du marxisme, comme preuve d’insuffisance et de légèreté ; c’est une des raisons qui sont données du caractère «idéologique » du marxisme de sa nature non-scientifique ; et il faut bien dire que les pratiques des États qui se réclament du socialisme ne permettent pas d’écarter ces «réfutations »
Extrait de la préface de François Chatelet
