Bernard Charlot présente ici le volet de la recherche auprès des jeunes des lycées professionnels. Les résultats détaillés qu’il nous livre sont passionnants et combattent quelques idées reçues : il n’y a pas, pour ces jeunes de milieu populaire, que « galère », « démission parentale » ou « désert culturel familial ». « Le rapport de ces jeunes au monde n’est ni rapport savant, ni rapport anomique dans un monde sans repères. » Confrontés à un monde scolaire très éloigné de leur propre culture, ils doivent se construire et s’approprier des processus que l’auteur juge « tout à fait pertinents, rationnels et efficaces pour interpréter le monde dans lequel ils vivent et pour y survivre ». On l’aura compris, B. Charlot refuse une lecture en négatif qui enferme les enfants des classes populaires dans des « représentations d’individus aliénés ». On sait maintenant qu’il existe de multiples manières d’apprendre et de construire son rapport au monde, mais que chacun élabore cette construction comme il peut, avec ce qu’il a et ce qu’il est.