Je ne rédige pas un essai, ni un ouvrage de critique. J’écris de coeur, dans une intimité trouble qui fut la nôtre, depuis le jour de notre rencontre. C’est à toi que je m’adresse, Fédor. Que pourrais-je donc t’apprendre sur toi-même? Ceci, peut-être, qu’un écrivain ne s’appartient pas: tu vis mêlé à mon sang, tes questions sont inscrites dans mes neurones. Tu n’as jamais été un modèle au sens où un artisan dérive de ses maîtres; tu es mieux que cela: tu es un souffle que j’aspire. Je n’aime pas tous tes livres, je ne suis pas un dévot. Tu demeures cependant étroitement lié à ma vie, si bien qu’à l’instant d’écrire, je dois chaque fois me situer par rapport à toi, établir la bonne distance