Au lendemain des victoire qui révélèrent enfin leur puissance, les Japonais furent un peu surpris de voir cette fière Europe, qui avait méprisé leur évolution pacifique, admirer si fort leurs exploits guerriers. Ce que n’avaient pu faire ni l’antique beauté d’une civilisation deux fois millénaire, ni la sagesse d’une politique conciliante, quelques coups de canon l’accomplirent en un instant ; les lointains insulaires, si longtemps méconnus, furent subitement jugés dignes d’entrer dans le concert des nations civilisées ; et ils éprouvèrent aussi un certain étonnement.
Mais, en dehors des gens dont l’enthousiasme naïf éveilla leur ironie, il y avait pourtant des hommes plus sérieux qui, à travers ces événements, devinaient un peuple doué d’une forte culture matérielle et morale, d’un génie original, d’un coeur profond ; et ces observateurs réfléchis, ne pouvant guère trouver de lumières certaines en des ouvrages dont la masse toujours croissante multiplie surtout les contradictions, n’ont cessé de se demander ce que valent, au juste, ces Japonais si diversement appréciés, quels sont les caractères intimes de leur esprit, comment il sentent, comment ils pensent. Le seul moyen de le savoir, c’est d’étudier la littérature du Japon.