Le désengagement de l’État durant ces dernières décennies s’est notamment traduit par une territorialisation croissante des politiques éducatives et par le passage progressif du témoin scolaire à la « société civile » et au Marché. Il a aussi et surtout conduit à ce que l’École et la Famille, comme instances de production et de reproduction des inégalités sociales, soient bien davantage connectées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier. D’où la nécessité d’analyser ce surcroît de connexions au plus près du jeu des acteurs individuels et collectifs, en particulier à un niveau peu étudié mais décisif de l’enseignement : l’école primaire. C’est là en effet que s’effectue pour une large part le tri des « particules élèves » en fonction de leur rapidité d’acquisition des savoirs, et avant que ce tri ne se poursuive et soit confirmé au collège.